PEINDRE DE L'ABSTRAIT EN MATERNELLE.


Ces oeuvres sont des palettes en plastique de mes petits élèves qui au fil du temps les ont badigeonné, lavé puis rebadigeonné pour arriver à une superposition aléatoire de lignes et de couleurs bariolées. Elles pourraient être ignorées car elles ne possèdent q'une utilité fonctionnelle, mais si on porte un certain regard, on en remarque l'esthétique. Le plus surprenant est, que ces palettes ont été remarquées par les enfants à leur propre initiative dans le cadre d'une discussion qu'ils ont eu, à coeur ouvert sur leur propre créativité. Encore une fois, c'était une question de regard, celui des enfants, le mien et le vôtre maintenant. 

S'émouvoir devant un tableau, une sculpture dans un cadre institutionnel ou des nuages polymorphes, une plaque de métal rouillé foulée par les passants, des lignes dansantes de bitumes sur le sol jusqu'à la beauté d'un mur décrépi. Cet aptitude est le reflet d'une projection mentale, d'une capacité poétique que l'on porte en soi. Il s'agirait peut-être d'une sorte de "déconnection", une réalité réinventée.
Pour ces palettes, si l'on pousse l'analyse, j’ai été personnellement sensibilisé par la liberté gestuelle de ces formes projetées, déstructurées qui ouvrent sur un univers joyeux et onirique. Pour un enfant, la notion d'art d'art abstrait ne lui est pas familière car il ne peut concevoir cette déclinaison intellectuelle pure qui consiste à sublimer une émotion ressentie si fine et si aboutie en une oeuvre allégorique concrète et visible. Il est certainement déroutant pour un enfant de ne déceler aucune référence au visible, à sa réalité subjective. 
Et il n’est pas question de se demander si la chose est belle ou pas, seul compte le regard contemplatif. S'ouvre alors cette poésie gratuite offerte comme une offrande précieuse. Juste s’émouvoir. C’est une faculté bien sûr ouverte à tous.
Etre artiste est une philosophie de vie, même s’il n’y a pas de création. Les mains vides ne sont pas stériles. Parfois, seul le souffle et la sentiment comptent. 
Cet objet pourra être alors « sacralisée », par une exposition qui le mettra en valeur comme une galerie renommée ou un musée, sa « lecture » s’en trouvera encore plus renforcée. On la vécu avec les ready made du début du XXème de Marcel Duchamps.
























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